Escapade nocturne

Ses pieds nus frôlaient le sol, effleurant à peine les minuscules grains de sables. Un pas, et puis un autre, un pas après l'autre, l'arrankar marchait, seule dans le désert du Hueco Mundo. Derrière elle, ainsi qu'à sa gauche et à sa droite, les dunes s'étendaient à perte de vue. Le seul signe de vie se trouvait droit devant, sous la forme d'un immense palais. Là, Las Noches s'élevait, tel un mirage, surgissant au beau milieu de l'étendue désertique.

-Hmm... je dois avouer que c'est pas trop mal fichu...

L'espace d'un instant, elle sembla plongée dans une intense réflexion, et puis :

-...Bon, par contre, ces colonnes sont d'un mauvais goût... et puis ce dôme, il va pas ce dôme! Il aurait fallu des arabesques, de belles courbes partout, et puis...

Le corps de l'arrankar bougeait au rythme de sa voix, tournoyant sur lui-même, s'élançant vers les cieux, bougeant de tout côté dans une danse quelque peu étrange. Dans un même temps, ses longs doigts griffus accompagnaient ses paroles, appuyaient ses mots. Ici, elle dessinait une courbe, là, une contre courbe... elle refaisait Las Noches.

-...et là on enlève ce truc, et on... ah!

Emportée dans son élan, Laila perdit l'équilibre, et tomba face contre sable. Sa tête se releva presque aussitôt, mais le corps ne suivait pas. Recrachant le flot de sable qui lui était rentré dans la bouche, l'arrankar observait l'endroit où, quelques instants auparavant, s'était trouvé le palais de ses rêves.

-...mais je ne peux que l'imaginer.

Depuis quelques temps, Laila avait prit l'habitude de se parler à elle-même, qu'elle soit seule ou en présence d'autres personnes. Ça lui donnait un petit côté effrayante, et lui permettait par ailleurs de se sentir moins seule. Vous remarquerez le côté légèrement paradoxal de ces soliloques...

-Paradoxal ou pas, moi je rentre, hein.

Et nous suivons. L'arrankar n°21 se releva lentement, avant de se débarrasser de ce satané sable qui collait à la peau. Une peau de couleur plutôt claire, sur lesquelles se trouvaient des vêtements d'une couleur plus blanche encore. Tout aurait été parfait pour une tenue de camouflage de type 'neige', ou même 'désert', si les cheveux qui descendaient jusqu'à ses épaules n'étaient pas d'un noir aussi profond.

Profond... mais sans doute pas autant que son oeil droit, caché derrière le masque brisé qui recouvrait près d'un tiers de son visage. A côté, une corne redescendait verticalement vers son oreille, effectuant quelques courbes au passage.

-Saleté de sable.

Pas moyen de s'en débarrasser. Elle avait beau frotter, frotter encore...elle ne parvenait qu'à empirer la situation. Mais pourquoi donc ces grains collaient-ils autant? D'habitude, ils se contentaient de glisser entre ses doigts, se déversant ensuite en une merveilleuse cascade.

L'arrankar essuya la goutte de sueur qui perlait sur son front, et sembla enfin comprendre. La fatigue, sans doute. Non pas qu'il fasse chaud, c'était d'ailleurs toujours la nuit par ici, mais Laila revenait de son entrainement secret, qui consistait à 'expérimenter' deux trois trucs sur les gilians et autres. Rien de bien méchant, mais il y avait tout de même quelques traces de sang au coin de sa bouche. Ce n'était certainement pas l'oeuvre d'un hollow, qui aurait eu bien du mal à la mettre en difficulté, et ce malgré les apparences. Non, c'était plutôt qu'elle tenait à goûter les effets de son propre cero, pour mieux juger les effets. Certainement un peu téméraire, voire complètement fou, mais elle guérirait. Se connaitre soi-même était la pour elle la clé de la connaissance. Elle pensait peut-être qu'en se contrôlant, elle pourrait plus facilement contrôler... les autres?

-Hm... est-ce mon cero qui est trop faible, ou ma résistance qui a augmenté? hmm... hmm... hmm...

Et toute perdu dans ses réflexions, elle continua d'avancer en direction de Las Noches. Elle espérait que personne n'avait remarqué son départ, elle serait bien ennuyée que l'on découvre sa véritable puissance, qu'elle avait plutôt bien cachée jusqu'à présent. Assez pour ne pas éveiller les soupçons, assez pour qu'elle reste le n°21, ou du moins c'est ce qui lui semblait. Lentement, un sourire commençait à s'afficher sur son visage.

-...Et après, hop! Dans les dents! Ensuite je le cogne, et je le...

L'arrankar n°21 continuait toujours d'avancer, malgré la présence qu'elle ressentait. Elle ne semblait pas y accorder une très grande attention, cette dernière étant fixée sur le combat imaginaire qui se déroulait dans sa tête. Elle le faisait de temps à autre, pour se défouler, et ça ne restait pas toujours dans le monde du rêve, soit dit en passant. Dans ces moments-là, son visage était relativement effrayant, ou du moins, il ne paraissait guère amical.

-...et je frappe encore. Ah, la percussion est une chose merveilleuse.

L'autre présence s'approchait. Bientôt, elle ne se trouvait plus qu'à quelque mètres de Laila, interpellant cette dernière. L'arrankar n°21 ne s'arrêta pas tout de suite, étirant toujours plus son sourire, si la chose était toutefois possible. Puis, après quelques mètres, elle commença à ralentir. Son regard se porta dans diverses direction, avant de tomber dans la bonne. Maintenant que Hallibel était en plein dans son champs de vision, elle fit mine de prendre enfin conscience de sa présence.

Le temps que la Tres Espada se présente, Laila la passa au scanner. Une demoiselle bien appétissante, à la peau foncée, vêtue d'un accoutrement des plus aguicheur. Son regard passa ensuite sur ses cheveux dorés, et sur son visage. On ne voyait pas grand chose de ce dernier, mais l'on pouvait deviner une partie de masque, qui dépassait sur la droite. Difficile de discerner une quelconque émotion, mais l'arrankar n°21 lui trouvait une certaine majesté, dans cette attitude d'un calme presque... mystérieux.

C'était sans doute la première fois qu'elle avait l'occasion de l'observer d'aussi près, mais elle l'avait déjà remarqué de loin, lorsqu'elle prenait des notes sur les Espadas possédant les numéros les plus proches de 0. Fascinée par leur puissance, elle les avait épié afin de tirer quelques informations utiles. Mais cette époque était révolue. A présent, elle cherchait à obtenir la force par ses propres moyens.

Songeant qu'elle avait devant elle l'occasion de tenter une petite expérience, elle décida de 'répondre' à son interlocutrice. Au nom de Hallibel, elle fronça les sourcils, faisant mine de chercher dans sa mémoire. Puis, finalement, comme si rien ne venait, elle prit un air presque déconcerté, avec toutefois une légère pointe d'amusement sous-jacente :

-Tres... Tres quoi? Tres Espada? Hallibel? Ah, tiens. Jamais entendu parler. T'es nouvelle ici?

Elle marqua une pause, comme pour savourer ses paroles, avant de reprendre :

-Bon, ben enchantée de faire ta connaissance quoi. Je suis l'arrankar... euh... l'arrankar... ah, saleté de sable!

Elle abandonna la conversation pour se frotter vigoureusement les bras, espérant faire partir ces satanés grains. Puis, elle se tortilla d'une drôle de manière, afin d'atteindre ceux qui s'étaient glissés dans son dos. Elle tournait sur elle-même, les bras grattant la peau de son dos. La danse dura quelques bonnes minutes, jusqu'à ce que Laila s'épuise. Son visage s'assombrissait, et elle était encore essoufflée lorsqu'elle reprit la parole :

-Alors, 'Zen veut nous voir? Cool.

D'un coup d'oeil furtif, elle guettait la réaction qu'aurait Hallibel en entendant le surnom qu'elle donnait au grand manitou.

-Bon, je suppose qu'on ne devrait pas le faire attendre, hein?

Agissant à l'opposé de ses paroles, elle prit tout son temps pour s'accroupir, et tracer quelques vagues dessins dans le sable à l'aide de son index. Ce faisant, elle chantait d'une voix étonnamment douce, ne collant pas du tout à son apparence. Et puis, une fois qu'il lui sembla que son oeuvre fut terminée, elle releva les yeux, s'intéressant à sa collègue.

-Mais que vois-je? En voilà des belles courbes, magnifique, magnifique! Ah, et ces habits! Par contre je sais pas si t'as remarqué, hein, mais ton décolleté... il est à l'envers. Enfin bon, moi j'dis ça, hein...

Elle haussa les épaules, ses sourcils se fronçant à nouveau. Reprenant son air mauvais, elle se releva, fit quelques étirements, et pointa du doigt Las Noches.

-Bon, assez trainé! Je propose qu'on y aille.

Du coup, elle ne s'était même pas présentée. Il s'agissait d'une sorte d'oubli volontaire, histoire d'éprouver la patience de l'espada. L'arrankar n°21 avait une manière assez particulière de faire les présentations...

Pendant ce temps, dans un autre recoin de son esprit, elle songeait à Aizen, et à la raison pour laquelle il voulait qu'elle et Hallibel viennent le voir. Mais surtout... comment savait-il pour sa petite excursion? Jusqu'où exactement avait-il percé? Savait-il pour sa seconde forme? Pour ses rêves secrets de domination du monde? Venant de sa part, rien ne pourrait plus l'étonner. Cet homme était décidément... terrifiant.

Lors de sa séance de dessin dans le sable, Laila jubilait presque d'entendre les questions de l'espada, qui ne recevraient aucune réponse, pour le moment du moins. Elle se demanda tout de même si la chose n'allait pas un peu loin, toute patience ayant ses limites. Mais quelque part, bien qu'elle ressente le danger de se moquer ainsi d'une personne aussi haut-placée, la chose l'amusait au plus haut point. Une autre personne aurait pu la tuer mais...

De son côté, Hallibel semblait s'impatienter, voulant la relever alors-même que Laila dépliait ses genoux. Les paroles des deux arrankars entraient également en conflit, la numeros prenant un malin plaisir à couper son interlocutrice, à esquiver les questions... jusqu'à ce que la Tres Espada joue de la provocation à son tour.

Bien que la remarque ait certainement pu la blesser, ce n'était rien comparé à l'amusement qui s'emparait d'elle. Elle éclata de rire, ne tenant plus en place. Son corps, parcouru de frissons, se tordait d'avant en arrière, et il ne manquait pas grand chose pour qu'elle ne se roule par terre. Seul le souvenir de ce sable si collant la retint. Puis, voyant Hallibel approcher la main de son épée, et craignant tout de même de se faire couper en rondelle, Laila chercha à calmer un peu le jeu.

-Ha...hahaha... désolée, désolée, c'est... c'est juste que... je suis flattée de l'attention que tu me portes? Hm...

Et elle l'était, sans doute. Un espada aurait pu ignorer ces remarques, ou tout simplement l'écraser comme un insecte...s'il en avait les moyens toutefois. Laila était presque certaine d'avoir atteint le niveau des espadas possédant les rangs les plus bas, ce qui contribuait à son attitude... téméraire? Suicidaire?

Du coup, elle devint plus sérieuse, et une fois calmée, son regard se porta sur le beau corps qui se tenait devant elle. Faire partie de l'espada n'intéressait pas vraiment l'arrankar n°21, d'où son indifférence, voire amusement à ce sujet, mais l'autre partie la gênait déjà un peu plus. Force lui était de constater que...

-Huh... non, je ne veux pas de ces formes avantageuses, ni de ces vêtements obscènes!

Sa voix s'était un peu élevée, alors qu'elle pointait d'un doigt tremblant l'étrange décolleté de la Tres Espada. Son expression était partagée entre rire et jalousie. Avec de pareils atouts, elle aurait certainement pu ajouter la carte de la séduction à son jeu de manipulation. Elle évita de mentionner l'histoire d'espada, jugeant que la chose la rendrait suspecte. Sa puissance devait rester cachée. Pour le moment. Il fallait toujours garder une dernière carte dans sa manche...

-Bon, en route!

Sa voix contenait encore quelques traces d'amertume lorsqu'elle commença à marcher en direction de Las Noches. Ses bras se balançaient, raides, à ses flancs, jusqu'à ce qu'elle ne tombe. Face contre sable. A nouveau.

-Hayaaaa!!

Il était temps de passer au jeu suivant. Dans une colère apparaissant comme sans bornes, elle s'élança au milieu des dunes, frappant le sable de ses pieds, sautant de tout côtés... jusqu'à ce que le sable ne la recouvre presque entièrement. Encore un faux pas, et elle se retrouva complètement ensevelie. Seule la tête et le bras droit dépassaient.

-Oh, désolée, tu peux venir m'aider?

Affichant un sourire un peu idiot, ayant le don de provoquer l'énervement chez certaines personnes, elle adressa de grands signes de la main à Hallibel, pour qu'elle vienne la sortir de là. Non pas qu'elle n'aurait pas eu les moyens de se libérer toute seule, mais c'était bien plus drôle comme ça.

Alors que les doigts se refermaient sur sa gorge, Laila songea qu'elle n'aurait peut-être pas du s'emballer aussi vite. Énerver une supérieure, bien qu'ayant été une expérience plutôt enrichissante, risquait surtout de lui coûter la vie. Et l'arrankar y tenait, pour le moment du moins. Elle se laissa donc malmener sans se débattre aucunement, observant, non sans intérêt, l'énorme pression spirituelle.

Si elle-même avait du mal à y faire face, elle n'osait pas imaginer ce que d'autres arrankars pourraient ressentir à sa place. C'est dans ce genre d'instants-là qu'elle se félicitait de ne jamais avoir révélé sa véritable puissance.

Puis, après l'ultimatum, l'étreinte se desserra. La pression spirituelle de tout à l'heure disparut, alors que Laila retombait au sol. Pendant qu'elle suffoquait, exagérant légèrement la chose, son esprit réfléchissait sur ce qui s'était passé, et sur ce qu'il convenait de faire. Visiblement, Hallibel n'avait pas le coeur à rire, et le choix qui lui était donné était clair : obéir, ou mourir.

L'arrankar n°21 recracha un peu de sable ensanglanté sur le sol, avant de se relever. Son sourire revenait lentement, mais sans l'agressivité d'auparavant. Son visage exprimait désormais calme et tranquillité. Peut-être un peu trop de tranquilité, considérant le danger auquel elle faisait face, mais lorsqu'elle éleva la voix, ce fut sur un ton mesuré, d'un calme respectueux, et surtout direct. Fini les détours, et autres chemins tortueux. Pour le moment en tout cas.

-Arraw Laila, arrankar n°21.

Elle ne rajouta pas une parole de plus, préférant donner dans la simplicité. Un mot de trop, était c'était fini. Laila restait toutefois sur ses gardes, prête à laisser tout exploser d'un seul coup si les choses tournaient de travers. On n'est jamais trop prudent.

Puis, elle montra d'un signe de tête qu'elle était prête à suivre les pas d'Hallibel, en essayant de ne pas trop la ralentir. Pour le coup, elle effectua également quelques transformations au niveau de son caractère, un exercice auquel elle se livrait assez souvent, bien qu'elle ne donne que rarement dans la servilité. Elle opta donc simplement pour un caractère diamétralement opposé au sien : calme, silencieux, clair, et disposé. Elle se défoulerait plutôt sur les prochains ennemis...

Cette rencontre lui rappelait qu'elle était encore bien loin du sommet. Ses ailes manquaient encore d'envergure, mais elle comptait bien s'envoler plus haut, là où personne ne pourrait l'atteindre. En attendant... elle suivait la Tres espada jusqu'à Las Noches, prenant garde à ne pas trébucher.

Une fois l'orage passé, Laila se sentit un peu plus détendue. Elle continua cependant de suivre Hallibel sans dire un mot, jusqu'à ce que celle-ci se retourne pour lui poser une question. La question. Que pouvait-elle bien faire dans ce désert? Considérant qu'elle ne pouvait pas vraiment dire qu'elle cherchait de nouveaux terrains d'entrainements secrets, sous peine de soulever une montagne de question, elle répondit simplement :

-J'avais envie d'explorer un peu le coin, j'aime découvrir de nouveaux horizons.

Ce qui n'était pas totalement faux. Laila était une arrankar plutôt curieuse, collectionnant les nouvelles expériences. Le savoir qu'elle acquérait ainsi devenait même l'une de ses forces. Elle espérait qu'ainsi, la question de la raison de son exploration ne serait pas posée. Il ne fallait pas qu'on puisse penser qu'elle ait une autre motivation derrière l'exploration.

Puis, il arriva quelque chose à laquelle l'arrankar n°21 se serait difficilement attendue : Hallibel s'excusait. Tout en la fixant avec des yeux ronds comme des billes, Laila se débarrassa de quelques grains de sable. Elle avait quand même appelé Aizen par le diminutif 'Zen', ce qui aurait pu passer pour un acte carrément blasphématoire.

Laila mit un certain temps avant de réaliser la chose, de la comprendre et de l'assimiler. Pas très patiente en ce moment? Ainsi, un certain nombre de contrariétés l'avaient rendu plus prompte à la colère. Voilà qui pouvaient expliquer pas mal de choses, et Laila nota mentalement de prendre désormais en compte ce genre de situations lorsqu'elle chercherait à éprouver la patience de quelqu'un d'autre.

Cette déclaration écarta d'un coup toute son anxiété, et son charmant sourire carnassier retrouvait peu à peu son éclat. Reprenant également ses esprits, et sa langue par la même occasion, elle dit :

-Oh, ne t'excuses pas trop vite. Tu risquerais de le regretter.

Elle avait parlé d'un ton léger, et légèrement amusé. Elle ne comptait pas vraiment éprouver la patience d'Hallibel à nouveau, ou en tout cas pas avant de comprendre plus en détail quelques petites choses. Elle-même était également préoccupée par l'appel d'Aizen. Voulait-il leur assigner une mission? L'arrankar n°21 n'avait jamais eu beaucoup de missions à faire, et jamais avec un membre de l'espada. Ou peut-être s'agissait-il d'autre chose? Elle n'en avait absolument aucune idée.

Laila inspira longuement, et relâcha l'air dans un souffle tout aussi lent. Elle verrait bien lorsqu'ils y seraient. En attendant, elle comptait bien profiter du voyage en traçant quelques lignes imaginaires dans le paysage à l'aide de ses doigts.

Laila jeta un coup d'oeil tout autour d'elle. Effectivement, le désert portait bien son nom. Il n'y avait certainement pas grand chose à explorer, le coin était carrément mort. Comme le disait Hallibel, elle n'y trouverait guère plus que du sable et quelques hollows par-ci par-là.

-Je constate, le paysage est un peu morne...

Alors que l'arrankar n°21 commençait à trouver un certain charme à ces dunes bien rondes, Hallibel reprit la parole :

"Je pense pouvoir affirmer que tu ne connais pas tout à faire les derniers arrivés dans l'Espada, je me trompe? Tu me semble très isolée de tout ce qui touche à Aizen-sama et ses troupes..."

Laila réfléchit un moment, songeant qu'effectivement, elle avait eu plutôt du mal à espionner l'espada. Elle n'avait jamais pu récolter d'informations, et devait s'en tenir à quelques rumeurs.

-Hmm... Effectivement, on peut dire que vos mystères sont bien protégés. A chaque fois que je cherche à mettre à jour mes informations sur le sujet, je me fais refouler...

Elle avait autrefois donné dans 'l'espionnage' pour son propre compte, non pas qu'elle ait en tête l'idée de trahir Las Noches, mais elle pouvait apprendre beaucoup de choses de cette manière, des choses qui l'aidaient dans sa quête de puissance. A présent, c'était plus difficile, les temps étaient durs. Les secrets était bien gardé, l'arrankar avait failli en faire les frais. Une chance qu'elle se soit arrêtée à temps. Comme pour tout à l'heure, pourrait-on dire.

A la réponse d'Hallibel à sa plaisanterie, Laila esquissa un nouveau sourire. Elle n'accordait pas encore toute sa confiance à l'Espada, mais considérait que sa présence était une bonne chose. Elle lui trouvait un certain... caractère.

Puis, Hallibel s'intéressa aux missions que Laila avait pu recevoir. Il n'y en avait pas des masses, mais à présent, elle se souvenait que...

-...Il y a longtemps, j'ai été envoyée sur quelques missions de renseignement...

Pour appuyer ses paroles, elle sortit le petit calepin qui lui servait à marquer les notes les plus importantes. Son regard perçant lui permettait de noter certains détails qui échappaient aux yeux de ses semblables, ce qui était parfois bien utile. Ces missions ne relevaient toutefois pas d'une très grande importance, et les combats avaient été plutôt rares, ce qui l'arrangeait pas mal.

-Mais dans l'ensemble, je mène une petite vie bien tranquille.

C'était l'un des avantages que lui conférait sa position. Pas de mission cruciale ou dangereuse, bien qu'elle puisse d'un jour à l'autre se retrouver dans la catégorie 'chair à canon'. Et dans ce dernier cas, elle comptait bien dépasser toutes les attentes. En attendant, elle pouvait profiter de son temps libre pour s'informer, apprendre, et de s'entraîner de la manière qui lui semblait la plus appropriée. Elle choisissait ses dangers, comme cette petite escapade dans le désert blanc.

-Ah, nous y voilà.

Laila effaça de son esprit toute pensée architecturale qui aurait pu s'installer, se préparant à ce qui allait venir.

Derrière son sourire, Laila songea que la puissance des informations n'était effectivement pas à sous-estimer. Elle y réfléchit un court instant, avant que la question de la date de la transformation ne soit abordée. L'arrankar mit quelques instants avant de répondre, fouillant dans sa mémoire.

-Euh... j'ai été transformée... y'a 4 ans!

Dit-elle, d'un air visiblement pas convaincu du tout. Les 4 doigts qu'elle agitait en guise d'appui ne la rendait pas vraiment plus crédible, et bien vite, une goute de sueur descendit sur sa tempe. A vrai dire, elle ne souvenait plus très bien de sa transformation, étant dans un état peu enviable à ce moment là. Ce qui était certain, d'après son numéro, c'est qu'elle datait d'un certain temps.

-Hmm, disons que j'ai du mal avec les notions de temps.

L'arrankar songea que le temps n'était décidément qu'une drôle d'illusion, pouvant être interprétée de différentes manières suivant les personnes et l'environnement. Ces dernières années sans missions lui avaient paru si longues...

"On fonce?"

Laila n'était pas contre cette proposition, tout cette histoire lui avait donné envie de se dégourdir un peu les jambes. Et puis, plus vite les deux arrankars seraient devant Aizen, et plus vite elles apprendraient ce qu'on attendait d'elles. Elle n'attendit donc pas pour bondir en avant, essayant de prendre une légère avance.

-Je suis déjà partie.

Cependant, malgré son excitation, Laila fit attention à ce que ses pas ne la portent pas trop loin. Son sonido étant censé ressembler à celui d'un arrankar basique, après tout.


hrpg : voilà, je pense qu'on peut passer à Karakura