Rendez-vous avec Rukia

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Jyuushiro venait d’apprendre que Rukia avait pleinement regagné ses pouvoirs, il ne l’avait pas revu depuis qu’il avait détruit le Soukyokuu avec son ami Shunsui. Il lui tardait donc de la revoir et c’était entres autres pour cela qu’il l’avait, au plus vite, convoqué dans son bureau. Il devait aussi s’assurer que la récupération de ses pouvoirs était complète, il allait donc lui proposer une mission basique, l’anéantissement d’un Hollow. C’est ainsi qu’il était assis devant son bureau en vieux chêne, et il attendait ardemment la venue de la shinigami qu’il considérait secrètement comme une profonde amie, et dont le sort lui importait grandement. Il relisait une dixième fois les papiers de la mission pour s’occuper, tant l’attente le faisait souffrir. Il toussota un peu en mettant la main devant la bouche et son teint se grisât quelque peu, la rencontre avec Rukia, paradoxalement, le stressait, il devait bien l’avouer. Il avait peur de trouver une shinigami différente qu’il avait connu jusqu’à présent, il avait peur de ne plus retrouver ses trop grands yeux bleus qui faisaient son charme et qui pétillaient de malice quand elle était heureuse. Jyuushiro se faisait machinalement craquer les doigts ainsi que les vertèbres en faisant d’amples mouvement du cou, puis il souffla pour se décontracter. Soudain il se rappela de la chose la plus importante et dont il avait omis de penser tant son excitation à cette rencontre était grande, il sauta alors d’un bond de sa chaise en s’écriant :

"-Le cadeau ! J’ai oublié que je lui avait acheté un cadeau ! Où est-il déjà….l’armoire !"

Jyuushiro se précipita vers son armoire et fouilla dedans avec acharnement durant plusieurs minutes sans trouver le cadeau qu’il avait acheté spécialement pour Rukia et dont il était sûr, connaissant ses goûts, elle apprécierait. Il était pris de panique, l’heure du rendez-vous se rapprochait vertigineusement et il devait trouver le cadeau qu’il avait malencontreusement égaré. Jyuushiro transpirait à grosses gouttes, il cherchait partout, dans tout les recoins de son grand bureau. Mince, pourquoi fallait-il que les capitaines aient un si grand bureau ?! Ses yeux tourbillonnaient follement dans leurs orbites, ils essayaient inlassablement de trouver le cadeau de Rukia qui semblait s’être volatilisé. Quelle malédiction pouvait bien le frapper à un moment pareil ?! Jyuushiro continuait de chercher partout, il était comme fou, il n’hésitait pas à envoyer valdinguer ses affaires qui s’empilaient de plus en plus sur le sol, formant un désordre digne du bureau de son camarade Shunsui. Jyuushiro avait beau chercher, il ne trouvait le cadeau nul part, il alla se rassoire, avec une mine déconfite, sur le siège moelleux et confortable de son bureau. Son regard se perdait dans le vide et les cernes qui soulignaient ses yeux, semblaient plus noires que jamais. Puis d’un coup, d’un regard vers son bureau, il se rendit compte que le cadeau de Rukia attendait gentiment depuis plusieurs heures devant lui, à coté de ses dossiers. Il se frappa alors le front avec une évidente intention de punir sa stupidité. Le track lui avait brouillé la vue, il avait chercher durant un quart d’heure pour rien. On frappa à la porte. Jyuushiro reprit son visage jovial, et son habituel petit sourire apparut. C’était elle, enfin ! En s’éclaircissant la gorge, il lui dit d’entrer. La porte s’ouvrit, laissant paraître Rukia dans son kimono noir. Le sourire de Jyuushiro s’agrandit alors et il l’invita à s’asseoir en face de lui.

"-Bonjour Rukia ! Heureux de te revoir, j’espère que tu vas bien !"

C’est à ce moment là que Jyuushiro s’aperçut que le désordre qui régnait dans le bureau était immense et Rukia peinait à se frayer un chemin entre les livres, les dossiers et autres obstacles qui obstruaient son avancée. Jyuushiro lui fit un petit sourire de gêne et vit que les yeux de Rukia, qui le regardait, pétillaient. Il fut rassuré et cacha le cadeau de Rukai dans une des ses poches sans qu’elle ne s’en aperçoive.

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Avançant dans le bureau en désordre, Rukia contenait à peine son excitation et son humeur joviale. Cela faisait de nombreuses semaines qu’elle espérait, sans donner voix à ses anxiétés, de se retrouver en cet endroit, et avec pareille compagnie que son auguste capitaine! Souriant, compatissant et doté d’un charme qui pourrait mettre n’importe qui à l’aise, il demeurait une figure d’autorité bien disparate de son noble frère.

*La perte de mes pouvoirs semblait l’avoir tant chagriné… Je ne souhaite que le rendre fier de moi, de sa division, et voir son sourire à mon endroit. J’ai de la chance, d’avoir un homme aussi illustre et bon comme capitaine!*

Lissant ses habits couleur de nuit pour paraître plus correcte, tentant de contenir le large sourire qu’elle brûlait de laisser s’échapper, elle se força à adopter une expression de joie plus discrète, puis avança entre les multiples objets la séparant du bureau. Consciencieuse du respect qu’elle lui portait, elle mit genou à terre et inclina la tête avec familiarité.

-« Vous m’avez convoquée, taicho? »

Elle releva la tête, orbes bleutés pétillants et plein de vie, observant son supérieur aux mèches argentées comme s’il était un grand frère, un meilleur ami, une source de soutien qu’elle tenait en haute estime.

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« -Vous m’avez convoquée, taicho? »

Jyuushiro accentua son doux sourire qui s’étala sur sa face joyeuse, il s’approcha d’elle il l’a regarda un bon moment sans rien dire, il jouissait de pouvoir la voir en si grande forme, de nouveau opérationnelle après tous les malheurs qu’ils lui étaient arrivés. Puis soudain le visage de Jyuushiro se fit plus grave, soudainement il prit un air de profonde tristesse et s’agenouilla devant Rukai qui semblait ahurie du comportement inapproprié de son capitaine, puis il inclina sa tête et ses cheveux argentés venaient balayer le sol de façon peu naturel. De sa voix suave et fragile il s’excusa auprès d’elle :

" -Pardonne-moi Rukia. J’aurais dût tout faire pour te sortir de cette tour, j’ai été lâche, je ne suis pas digne de ta confiance et de l’amitié que tu me portes. Dès le début j’aurais dût m’opposer à ton exécution, au lieu de ça je me suis morfondu sur ton sort en attendant péniblement ta mort qui allait se dérouler sous mes yeux. J’aurais dût venir te voir au moins une fois, non même tous les jours durant ton supplice. Tu étais seule et je n’étais pas là pour te soutenir, je pansais que tu étais trop fière pour que l’on te dérange, comment ai-je pus penser cela de toi…. "

Le teint de Jyuushiro se grisât encore plus se qui montrait son évidente anxiété, puis une larme parcoura sa joue et vint frapper la couverture d’un livre qu’il gardait précieusement, pour une raison fort, c’était son ami Shunsui qui lui avait offert pour son anniversaire, il s’agissait de « mille et une façons de s’amuser avec une chaussette » dont le thème loufoque avait séduit Shunsui à la librairie au moment de choisir son cadeau. Jyuushiro serra ses poings et ses dents, il luttait, premièrement, pour ne pas paraître faible devant la shinigami qu’il estimé plus que tout et deuxièmement, pour calmer la colère qu’il avait pour lui même.

"-Arriveras-tu à me pardonner un jour ?"

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"-Taicho..."

Prise de court par le comportement subit de son capitaine, mais aussi par la grande fragilité exprimée par celui-ci, tant dans ses propos que sa présente façon d'agir, Rukia semblait béate, ouvrant grand les yeux.

*Comment aurai-je pu jamais lui en vouloir pendant ce qui s’est produit? Malgré l’estime que j’ai pour lui, il demeure l’une des figures proéminentes d’autorité au Seireitei, un gardien comme nul autre de la paix des âmes, un guerrier émérite, un visage de loi. Jamais je n’ai…*

Les instants précédant son arrivée volontaire à son incarcération, la lueur des réverbères clignotants sur les lames de son frère et ami d’enfance, le sang giclé ayant maculé la scène… Le regard insistant et désemparé de son remplaçant mortel lorsqu’elle le sonna de lâcher l’habit de son noble frère… Tout cela lui revint en mémoire d’un seul coup, telle une bourrasque lancinante. La shinigami cligna des yeux, ramenant son esprit à la réalité, au moment présent, puis elle sourit doucement à son interlocuteur.

"-Je me suis volontairement rendue à Byakuya et Renji, consciemment remise entre les mains de la justice de la Soul Society, sachant depuis le début que mes actions seraient réprimandées. D’une certaine façon, en regardant d’un œil distant tout ce qui s’est produit… Je ne peux en vouloir à personne, encore moins à vous, capitaine. Aucune hargne envers vous n’a jamais ne serait-ce qu’effleuré mon cœur.

Ces longs jours passés dans la tour blanche, ce collier rouge la marquant à ses propres yeux comme une paria, elle n’avait retourné la lame du blâme que contre elle-même, acceptant pleinement son sort, accueillant la mort et regrettant d’avoir incité, malgré toute sa volonté, les mortels à venir la sauver. S’il n’y avait qu’une chose qu’elle puisse regretter, c’était d’avoir été la cause indirecte de leurs troubles et d’avoir semé le chaos dans leur vie, mais une part d’elle-même leur était à la fois éternellement reconnaissante d’avoir partagé leur existence.

"-Je crois… Je pense que si les gens s’étaient acharnés à m’épauler lors du temps passé dans la tour, tout aurait été plus difficile. J’ai été forcée de me tourner vers moi-même, vers tout ce que j’avais vécu et… Malgré la torture que cela représentait, j’ai tout de même trouvé la force d’accepter que je serais exécutée, j’ai fait la paix avec moi-même, avec le passé. J’ai su apprécier ce que j’avais touché lors de mon existence, et ces souvenirs, ces gens, n’en sont devenus que plus précieux à mon cœur. Vous en avez toujours fait partie capitaine, et l’égard que j’ai pour vous, l’amitié que je ressens, a été d’un grand réconfort en songeant aux moments passés. Vous n’étiez peut-être pas présent en chair, mais vous l’étiez en pensée pour moi."

Le bleu violacé de ses yeux pétillât, ses lèvres se fendirent en un sourire serein, démontrant que malgré le côté ténébreux de ces paroles, Rukia relatait le tout en pleine conscience de cause, sans remords ni peur.

"-Désormais, je veux goûter à tout ce que j’aime, et protéger ce qui m’est cher. Il y aura toujours l’honneur, la loi, les obligations et la dignité, mais je ferai tout mon possible pour y mettre mon cœur, comme je n’ai jamais pu le faire auparavant."

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"-Je suis heureux que tu ne m’en veuilles pas, la prochaine fois tu pourras compter sur moi, tu as ma parole."

Jyuushiro se trouva rassuré par les douces paroles qui sortaient magnifiquement de la bouche de Rukia. Il leva la tête et croisa son regard azur emplie, comme à son habitude, de malice. Jyuushiro retrouva alors le sourire, il était heureux que sa tendre shinigami ne lui reproche rien. Mais Jyuushiro regretterait toute sa vie de ne pas être intervenu dès le début, il n’avait essayé qu’a la fin et n’avait d'ailleurs réussit que de justesse et seulement parce que Kurosaki Ichigo était intervenu, ce qui avait facilité le plan de destruction du Soukyokuu. Jyuushiro se releva, prit la main de Rukia pour que celle-ci se relève à son tour. Il l’a fit s’asseoir en face de son bureau dans le siège noir et confortable puis alla lui-même s’asseoir sur son propre siège. Il sortit un dossier bleu et l’ouvra lentement, le regarda brièvement, pour voir s’il s’agissait du bon et le tendit à Rukia.

"- C’est une mission test, pour voir si tu as pleinement récupéré tes pouvoirs de shinigami, je t’accompagnerai sur le terrain pour juger de ta réintégration à la treizième ou non. Enfin je pense que tout se déroulera bien, tu pars sous les meilleurs hospices, ça ne va pas durer longtemps."

Jyuushiro regarda en silence Rukia qui feuilletait le dossier, elle lisait les données et les enregistrait rapidement en bonne professionnelle qu’elle était. Puis quand elle eut finis, elle rendu le dossier à Jyuushiro qui la gratifia d’un de ses plus beau sourire. Puis il se leva et accompagné de Rukia il se prépara à sortir du bureau pour effectuer dès maintenant la mission pour que cette affaire soit réglée une bonne fois pour toute. Juste avant de franchir le palier il s’arrêta et Rukia lui rentra dedans de plein fouet. Il fit volte face et s’empressa d’annoncer :

"-Rukia !....oh pardon ! ça va ? Ok^^ ! J’avais prévu une surprise pour toi, attend que je retrouve cela, elle n’ait pas dans cette poche…ni dans celle-là…qu’est-ce que j’en ai encore fait…Ah ! la voilà !"

Jyuushiro tira de l’une de ses poches une sorte de petit boîtier qui ressemblait à s’y méprendre à une boîte de bonbon PEZ, sauf que la tête ne représentait pas un personnage quelconque de dessin animé mais un lapin très apprécié par les femmes shinigami. C’était un objet dont les shinigami se servait souvent dans le monde des humains, le soul candy qui contenait des pilules qui permettaient d’extraire les âmes des Gigai. Et Rukia en aurait besoin, bien plus tôt qu’elle ne le pensait.

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Son visage délicat prit des couleurs, ses yeux si vivants se mirent à briller comme un enfant à qui on tend une sucrerie. Les lèvres en rond, soufflant un OH qui fut exprimé en silence, Rukia admira l’instrument comme un trophée.

-« Ah… Il est trop miiiiiiiignooooooooon! »

La régression vers l’enfance de la shinigami au sérieux inébranlable se poursuivit immédiatement, alors qu’elle serra le boîtier contre son cœur tel une peluche gagnée à la foire. Elle leva l’outil devant son nez, frôlant les oreilles du Chappy le surmontant avec ravissement, puis porta le regard vers Jyuushiro.

-«Un soul candy juste pour moi? Je… Merci capitaine! »

Songeant aux implications que l’objet représentait, elle sut alors qu’elle pourrait, probablement plus tôt qu’elle le croyait, revoir Ichigo et ses amis. Peut-être même siroter une boîte de jus à nouveau, et explorer les méandres de la paille diabolique juste pour le mettre en colère et se jouer de ses froncements de sourcils colériques!

*Ah, promesses, promesses! Mais je dois d’abord démontrer que je suis redevenue ce que j’étais, que j’ai la force de me défendre… Pour les yeux de mon cher capitaine, mais également les miens!*

Elle prit une inspiration pour contenir son enthousiasme contagieux, heureuse.

-« J’en prendrai grand soin, promis! »

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